Les œuvres de Cyril Carret explorent avec délicatesse, précision et souvent avec une violence retenue l’agencement secret des formes, des êtres et des choses. Son univers créatif puise dans les structures du vivant qu’il transpose et prolonge dans une quête d’unité ontologique : dans ses sculptures, objets ou photographies, l’organique et le non-organique se mêlent et se complètent. Cette recherche s’ac- compagne d’un dépouillement accru de la forme et des matériaux engagés au profit d’espaces creux. Le vide y est omniprésent. Vecteur de potentialités et d’ambiguïtés, il s’offre comme réservoir de possibles et invite à la spiritualité. 

Longtemps photographe, Cyril Carret a récemment abandonné ce médium pour se consacrer à des formes plus sculpturales. Travailler la matière plutôt que l’évanescent, dit-il. Toutefois, on retrouve dans ses installations la volonté de greffer de la matière au vivant, déjà à l’œuvre dans ses photogra- phies. Pour la série Cellule (2016), par exemple, l’artiste a créé des masques hybrides faits de maté- riaux recyclés, cordes, claviers, dents et carcasses d’animaux que portent tour à tour les sujets photo- graphiés. Véritables prothèses, ces masques prolongent le corps et le visage humains, le déforment, l’annihilent ou, au contraire, le révèlent. Ainsi, dans Olivier (2016), la mâchoire du modèle est renfor- cée par une maxillaire animale fixée à son crâne par des vis d’acier. Cette seconde mandibule décuple la puissance de l’homme tout en le déshumanisant. Mariem (2016), quant à elle, a la tête entièrement prise dans un entre-lac de cordes noires, sorte de coquillage monstrueux, nid peut-être, en tout cas corps étranger qui semble s’étendre jusqu’à vouloir absorber entièrement son visage. Là encore, le corps est à la fois magnifié et violenté, amplifié et objectivé. 

Toute l’œuvre de Carret est traversée par des tensions nées de la friction de contraires qui se font face et se dépassent. Les matériaux qu’il choisit s’opposent et s’équilibrent pour finalement conver- ger vers une forme ouverte et renouvelée du vivant. Depuis quelques années, l’artiste se concentre sur le travail du béton dont il explore les qualités et les contradictions. Empty Beast (2023) est une série de récipients réalisés en ciment, sur lesquels l’artiste a greffé des cornes d’animaux, taureaux ou chevreuils. Ces excroissances animent ces pots qu’on pourrait croire simplement fonctionnels. L’un des symboles les plus anciens de la préhistoire occidentale, la corne de taureau est synonyme de vie. A l’opposé, le ciment, avec sa pâte grise solidifiée, peut apparaître comme un matériau mort. On l’as- socie plus volontiers aujourd’hui aux constructions industrielles qu’à un terreau fertile. Ici, pourtant, il engendre la vie, comme ces rochers du Paléolithique d’où jaillissaient des plantes. Dans les mytho- logies primitives, les pierres comme les menhirs étaient considérées comme des substituts du corps. On y intégrait des os ou des cendres humaines. D’un côté, l’ancêtre se muait en pierre, de l’autre la pierre s’animait dans un rapport mutuel de transmutation. On peut imaginer ici le réservoir de vitalité que représentent ces pots en béton. Chaque œuvre de Cyril Carret peut être ainsi regardée comme un objet rituel, incarnation de puissances en devenir, énigmatiques et sacrées. Les pots, d’ailleurs, sont absolument vides et contiennent des univers infinis de possibles. 

Le vide est au cœur de la série Intervalle (2022), ensemble de sculptures également en béton, plus massives, qui s’imposent par leurs failles et leur vulnérabilité.
Intervalle 02 (2022) s’ouvre ainsi comme un grand coup de couteau, fente immense, impeccable, profonde, taillée le long de deux étroits rectangles en béton. Le creux est hypnotique, on n’en voit pas le fond. C’est un passage dans lequel on ne peut pas se faufiler. Ni même le regard. 

 

Les œuvres de Cyril Carret explorent avec délicatesse, précision et souvent avec une violence retenue l’agencement secret des formes, des êtres et des choses. Son univers créatif puise dans les structures du vivant qu’il transpose et prolonge dans une quête d’unité ontologique : dans ses sculptures, objets ou photographies, l’organique et le non-organique se mêlent et se complètent. Cette recherche s’ac- compagne d’un dépouillement accru de la forme et des matériaux engagés au profit d’espaces creux. Le vide y est omniprésent. Vecteur de potentialités et d’ambiguïtés, il s’offre comme réservoir de possibles et invite à la spiritualité. 

Longtemps photographe, Cyril Carret a récemment abandonné ce médium pour se consacrer à des formes plus sculpturales. Travailler la matière plutôt que l’évanescent, dit-il. Toutefois, on retrouve dans ses installations la volonté de greffer de la matière au vivant, déjà à l’œuvre dans ses photogra- phies. Pour la série Cellule (2016), par exemple, l’artiste a créé des masques hybrides faits de maté- riaux recyclés, cordes, claviers, dents et carcasses d’animaux que portent tour à tour les sujets photo- graphiés. Véritables prothèses, ces masques prolongent le corps et le visage humains, le déforment, l’annihilent ou, au contraire, le révèlent. Ainsi, dans Olivier (2016), la mâchoire du modèle est renfor- cée par une maxillaire animale fixée à son crâne par des vis d’acier. Cette seconde mandibule décuple la puissance de l’homme tout en le déshumanisant. Mariem (2016), quant à elle, a la tête entièrement prise dans un entre-lac de cordes noires, sorte de coquillage monstrueux, nid peut-être, en tout cas corps étranger qui semble s’étendre jusqu’à vouloir absorber entièrement son visage. Là encore, le corps est à la fois magnifié et violenté, amplifié et objectivé. 

Toute l’œuvre de Carret est traversée par des tensions nées de la friction de contraires qui se font face et se dépassent. Les matériaux qu’il choisit s’opposent et s’équilibrent pour finalement conver- ger vers une forme ouverte et renouvelée du vivant. Depuis quelques années, l’artiste se concentre sur le travail du béton dont il explore les qualités et les contradictions. Empty Beast (2023) est une série de récipients réalisés en ciment, sur lesquels l’artiste a greffé des cornes d’animaux, taureaux ou chevreuils. Ces excroissances animent ces pots qu’on pourrait croire simplement fonctionnels. L’un des symboles les plus anciens de la préhistoire occidentale, la corne de taureau est synonyme de vie. A l’opposé, le ciment, avec sa pâte grise solidifiée, peut apparaître comme un matériau mort. On l’as- socie plus volontiers aujourd’hui aux constructions industrielles qu’à un terreau fertile. Ici, pourtant, il engendre la vie, comme ces rochers du Paléolithique d’où jaillissaient des plantes. Dans les mytho- logies primitives, les pierres comme les menhirs étaient considérées comme des substituts du corps. On y intégrait des os ou des cendres humaines. D’un côté, l’ancêtre se muait en pierre, de l’autre la pierre s’animait dans un rapport mutuel de transmutation. On peut imaginer ici le réservoir de vitalité que représentent ces pots en béton. Chaque œuvre de Cyril Carret peut être ainsi regardée comme un objet rituel, incarnation de puissances en devenir, énigmatiques et sacrées. Les pots, d’ailleurs, sont absolument vides et contiennent des univers infinis de possibles. 

Le vide est au cœur de la série Intervalle (2022), ensemble de sculptures également en béton, plus massives, qui s’imposent par leurs failles et leur vulnérabilité.
Intervalle 02 (2022) s’ouvre ainsi comme un grand coup de couteau, fente immense, impeccable, profonde, taillée le long de deux étroits rectangles en béton. Le creux est hypnotique, on n’en voit pas le fond. C’est un passage dans lequel on ne peut pas se faufiler. Ni même le regard. 

 

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